IBOU DIOUF

IBOU DIOUF

Le vrai et le faux marabout

 

Dans son livre intitulé Kifâyat ar-Râghibîn, El Hadji Malick Sy révèle que l’un des maux les plus graves de notre époque c’est l’émergence de faux maîtres qui n’ont même pas atteint le degré du commun des fidèles. Il incombe alors au vrai maître d’attirer l’attention de l’adepte sur l’obligation de respecter tous les maîtres dignes de ce nom ainsi que tous les autres musulmans et sur le fait que dénigrer un quelconque Ordre équivaut à dénigrer l’Islam. Car dénigrer un Ordre est de nature à entraîner l’adepte vers l’infidélité sans qu’il puisse s’en rendre compte puisqu’il trouve ainsi normal de médire, de haïr et de diviser les musulmans.

Toujours dans le Kifâyat ar-Raghibîn le propagateur de la Tijâniyya au Sénégal El Hadji Malick Sy dit : « s’il est établit en fiqh que l’évolution des lois et des règlements est fonction de l’évolution de l’impudicité que commettent les gens. Je précise qu’il est alors une obligation à tout musulman de ne point accorder de considération aux propos d’un « maître » tendant à instaurer la haine, la jalousie, l’orgueil et la division entre les musulmans ».

L’adepte doit se méfier des imposteurs qui, sous l’emprise de leurs passions et de leur condition humaine, se prévalent à cause des caprices de leurs âmes, du titre de « maître » sans pour autant le mériter. Ils abusent, par des subterfuges, de la naïveté des gens qui les suivent aveuglement. Ces gens sont souvent victimes des propos lénifiants qui leurs sont tenus par ce faux marabout du bout des lèvres. Aussi ces faux marabouts abusent des étudiants innocents qu’ils empêchent de suivre la voie de la Vérité en leur interdisant de s’attacher les Gens de la vérité et les vrais Maîtres guides religieux. Les faux marabouts persuadent leurs adeptes de se soumettre et de consentir inconditionnellement au traitement auquel ils les soumettent sans chercher à connaître d’autres maîtres. Ainsi ces adeptes finissent souvent par adorer leur marabout à la place de Dieu.

À propos des hadiths qui parlent de l’apparition des imposteurs (dadjâl) au sein de la communauté, Ali Daddah, un grand Homme de vertu, dit en substance que les imposteurs sont, selon les savants musulmans, ces « maîtres » qui se réclament du soufisme et qui égarent leurs disciples. Il dit aussi que : « l’allusion [au terme Dadjâl] fait état que chaque fois que Satan a une emprise sur des gens, il les incite à se conduire, aux fins d’assurer la jouissance de leurs corps et de leurs âmes, en innovateurs et non en conformité avec la Charia. ».

L’adepte doit aussi se méfier de ces faux marabouts qui, sous le prétexte qu’ils ont atteint l’Etape de l’Union (avec Dieu), se permettent de prendre des libertés avec les lois islamiques pour avoir atteint le point culminant de la haqîqa. Ces faux marabouts se permettent tout se qui est prohibé, enfreignent toute interdiction et entretiennent des rapports sexuels avec des personnes qui leurs sont interdites sous le prétexte fallacieux de la fraternité ou de la paternité spirituelle. Ils sont assimilables à des libertins et des hérétiques.

Le vrai guide religieux, selon Al-junayd, le maître des mystiques, est celui qui acquiert « une part non négligeable de toutes les sciences de la Charia, se tient scrupuleusement à l’écart de tout ce qui est prohibé, renonce au monde, se soigne avant de se mettre à soigner les autres, suit les traces du Prophète Mouhamad et demande à ses adeptes de suivre les pas des Pieux devanciers ».

Selon El Hadji Malick, celui qui s’érige en guide se doit, selon les critères établit, d’être d’une sagacité (`aql) par laquelle il guide les adeptes vers la bonne direction et d’avoir acquis des connaissances solides par lesquelles il guide les pas de ceux qui cherchent à être éclairé dans leur démarche musulmane. Toujours selon El Hadji Malick, le guide doit renoncer au monde, s’en tenir au strict minimum, n’avoir cure de ceux qui s’attachent au monde, être généreux, large, affable, moralement intègre, accueillant, s’éloigne du libertinage et de la raillerie, avoir constamment du sang-froid, de la patience, du scrupule, de l’humilité, de la modestie, et de ne point s’occuper des futilités. Il doit être à cheval sur la tradition du Prophète et éviter tout pratique jugée innovatrice.

Le guide doit être d’un bon conseil et consentir des efforts dans le but d’édifier et d’instruire les disciples. Il ne doit laisser passer un jour sans qu’il n’y ait dispensé un enseignement à ses compagnons et à ceux qui le fréquentent.

Dans Rûh al-arwâh, l’auteur dit que celui qui veut s’engager dans la Voie de Dieu doit observer quatre choses :

Ø  Avoir une foie pure non entachée d’une quelconque innovation ;

Ø  Faire amande honorable après laquelle il évitera de retomber dans le péché ;

Ø  Régler ses contentieux avec ses prochains au point de ne plus être redevable envers personne ;

Ø  Acquérir en matière de Charia un minimum de connaissance permettant de s’acquitter des obligations Divines, puis en matière de sciences de l’Au-delà, ce qui lui permettra d’espérer le salut.

Toujours dans le Rûh al-arwâh, l’auteur demande à l’adepte de considérer et de réfléchir sur la situation des dévots ignorants qui s’arrogent prétendument le titre de maître alors qu’ils ignorent tout de leur religion, fondement comme cas d’espèces.

Al-junayd dit : « Garde toi de suivre quiconque ne réunit pas  ces conditions, car il ne serait que le suppôt de Satan. Mesure ses paroles, actes et état à l’aune de la Charia et de la Voie, si tu y perçois quelque chose non conforme avec elle, rejette le ».

Ces faux maîtres sont sous l’emprise de Satan qui les trompe par le titre de dévot dont ils s’affublent sans savoir que le concept de dévot ne saurait authentiquement s’appliquer qu’à quelqu’un qui croit avec certitude et adore Dieu en connaissance de cause. L’envoyé de Dieu (PSL) a dit : « le dévot sans connaissances en matière de droit islamique (fiqh) fait figure d’un âne au moulin ». L’imam al-Ghazâli a dit : « Science sans pratique est folie. Et pratique sans connaissance est inanité ».

Ainsi nous voyons que celui qui veut être guide doit connaître les fondements du soufisme, mais surtout avoir de solides connaissances en fiqh. Car le soufisme et le fiqh sont liés tels l’âme et le corps. Ils vont de pair. L’imam Malick Ibn Anas a dit : « soufisme sans connaissances en fiqh est hérésie ; et fiqh sans pratique du soufisme est perversion. Celui qui réunit les deux est sur la bonne voie ».

Selon notre maître El Hadji Malick Sy, celui qui pratique le soufisme sans connaissance en fiqh verse d’ans l’hérésie parce que croyant au déterminisme qui exclut le savoir et les prescriptions. Tandis que celui qui a des connaissances en fiqh sans pratiquer le soufisme verse dans la perversité car l’œuvre qu’il accomplit n’étant pas soutenue, ni par l’orientation vers Dieu propre à le mettre à l’abri de toute désobéissance à Dieu, ni par la sincérité, condition requise pour toute œuvre vouée à Dieu. Quant à celui qui réunit les deux, il se conforme à la vérité parce que mettant en pratique la haqîqa en demeurant essentiellement attaché à Dieu.

           

 

 

 

 



30/03/2009
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