IBOU DIOUF

IBOU DIOUF

Qu'est ce que la tijâniyya

            L’islam est un et indivisible. Ses principales sources sont le Coran et les hadiths ( la tradition) du prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui).Du vivant du Prophète c’est à lui que les compagnons s’adressaient pour s’éclairer des questions liées à la religion. Il arrivait qu’on lui pose des questions en rapport avec la gestion quotidienne de la société. Ainsi il exerçait à la fois un pouvoir temporel et spirituel. Après sa disparition et des années plus tard nous assistons à la séparation de ces deux pouvoirs grâce à l’expansion de l’islam et surtout la remise en cause du pouvoir califal dans les contrées les plus éloignées.

            Certaines pratiques religieuses (surérogatoires) sont venues se greffer à ce qui se faisait du vivant de l’envoyé de Dieu. Pour échapper aux tentations de ce bas monde certains des compagnons du Prophète ont jugé nécessaire de s’isoler et de consacrer le reste de leur vie à l’adoration de Dieu. Ces personnes qui ont voulu s'isoler sont appelées SOUFIS. C'est la naissance du Soufisme.

Toutefois, rappelons que le soufisme n'est rien d'autre que la pratique de l'islam dans sa globalité. Au cours de l'histoire, ces soufis ont eu des adeptes à qui ils ont transmis certaines de leurs litanies. De transmission en transmission et de rajout en rajout, des structures se sont mises en place et ont pris dans leur ensemble le nom de Tarîqa. Littéralement traduit tarîqa signifie voie. Et on entend par voie un chemin qui mène vers Dieu, l'Unique.

Objectifs de la confrérie.

Dans la tradition prophétique, il nous est rapporté un hadith ou pour certains un "récit de Djibril " du nom de l'ange Gabriel. Dans ce hadith, l'ange Gabriel apparut au prophète dans une forme humaine pour discuter avec lui de la religion. Trois questions ont été soulevées au cours de la discussion. La première question se rapporte à l'Islam (la soumission), la seconde question se rapporte à l'Iman (la foi) et la troisième se rapporte à l'Ihsan (la perfection). Après la discussion le prophète demanda à l'assistance si elle connaissait cet individu. On lui répondit que non. Et il dit: "C'était l'ange Gabriel; il est venu vous apprendre votre religion". De là nous pouvons déduire que la religion peut se résumer en ces trois points et que tous les musulmans se doivent de les distinguer et les mettre en pratique.

La Tidjâniyya s'est fixée comme objectif majeur de mettre en pratique ce hadith. Ainsi il est du devoir de tous les adeptes de la confrérie de faire le nécessaire pour bien connaître le contenu de ces trois concepts et assurer leur bonne mise en pratique.

Pour bien comprendre le contenu de ces concepts, le musulman se doit d'aller les étudier auprès des personnes plus savantes en matière de religion. D'ailleurs, le fait de recourir à plus savant que soi est une injonction de Dieu dans le Coran: " Demandez donc au érudits du Livre si vous ne savez pas" Coran (al-anbiya a - 7)

"Les confréries sont des écoles où se forment les athlètes de la religion". Ainsi s'exprimait Cheikh Ahmad Tidiane Sy guide religieux au Sénégal lors d'une conférence publique. D'après cette citation nous pouvons comprendre que les confréries sont au service de l'islam. Que chaque maison confrérique se doit de transmettre à ses adeptes les fondements de la religion de Muhammad (PSL).

            L’origine du mot Tidjâniyya.

Le mot Tidjâniyya provient du nom d’un village appelé Tadjâna. En arabe pour déterminer l’origine d’une personne on ajoute le suffixe « iyya » au nom du lieu d’origine. C'est le YA d'appartenance. Exemple pour désigner un sénégalais (en arabe) on prendra le mot Sénégal et on y ajoute iyya ce qui donne Sénégaliyya.

Cheikh Ahmad Tidjanî.

Cheikh Ahmad Tidjanî est né en l’an 1150 H à Aynou Madi en Algérie. Son père Sidi Muhammad ibn al Mokhtar ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Salam était d’une vaste érudition. Sa mère est la fille de Muhammad ibn Sanoussi. Ses deux parents meurent le même jour lors d'une épidémie de peste. Cheikh Ahmad Tidjanî maîtrisa le Coran à l'âge de sept (7) ans. Puis il entama ses études dans les sciences de la religion: droit musulman, grammaire de la langue arabe, rhétorique, théologie, histoire de la religion entre autres. Ces études lui permirent d'accéder aux grades de professeur et de Mufti qui fait l'unanimité dans la communauté religieuse.

Réception de la tarîqa ?

Après de longues pérégrinations dans le monde du savoir au cours desquelles Cheikh Ahmad Tidjânî a rencontré les plus grands saints de son époque, il rencontre son grand père le Prophète Muhammad. Cette rencontre ne s’est pas déroulée en rêve mais plutôt en état d’éveil et de manière concrète. C’est au cours de cette rencontre à WUJDA que le Prophète Muhammad lui demanda d'abandonner les Wirds (litanies) qu’il pratiquait jusque là. Parmi ces wirds nous pouvons citer la Khalwatiyya de Muhammad al Kurdiyyu.

En échange le Prophète lui donna un wird dont la pratique ne nécessite pas de retraite spirituelle (Khalwa). El Hadji Malick Sy nous relate la rencontre entre Cheikh Ahmad Tidjânî et le Prophète :

Après qu'Al-Kurdî l'eut promu Muqaddam,
le Prophète, l'Elu, se manifesta à lui,

Et lui dit: " Personne, parmi les maîtres de la voie
ne peut prétendre t'avoir accordé une faveur.

"C'est moi qui assure ton éducation;
tu es mon fils; je suis ton maître pour toujours !"

" Abandonnes toutes les initiations reçues
tu recevras alors tout ce qui t'a été promis."

" Pas de retraite spirituelle, ni d'isolement."
gloire au Seigneur, l'Omnipotent ! [1]

Les rites de la tarîqa.

Les rites de la tidjâniyya se divisent en deux : les rites obligatoires et les rites surérogatoires :
Les rites obligatoires sont au nombre de trois. Il s’agit du Wird, de la wazifa et du zikr al juma.
Le Wird : il se compose de trois récitals et se pratique obligatoirement deux fois dans la journée. Les récitals sont :

  • L’ISTIGHFÂR (c'est-à-dire demander pardon à Dieu notre seigneur) (100 fois).
  • Prier sur le Prophète 100 fois. (le mieux c’est de faire la Salât al fâtih)
  • Dire LA ILAHA ILLA LAH (100 fois).

Les horaires du lâzim sont le matin (entre la prière du subh et le milieu de la matinée) et le soir (entre la prière du asr et celle du isha)
La wazifa : il se compose de quatre récitals et se pratique obligatoirement une fois dans la journée. Cependant il est recommandé par El Hadji Malick Sy de la pratiquer deux fois dans la journée. Les récitals sont :

  • L’ISTIGHFÂR (c'est-à-dire demander pardon à Dieu notre seigneur) le mieux c’est de le faire dans la formule du « hayyoul qayyoum » ce qui donne ASATGHFIROU LÂHAL AZIMA LAZI LÂ ILAHA ILLA HOUWAL HAYYOUL QAYYOUM. (30 fois)
  • Prier sur le Prophète (50 fois). Ici il est obligatoire que cette prière soit la Salât al fâtih:
  • L’évocation du nom de Dieu c'est-à-dire dire LA ILAHA ILLA LAH (100 fois).
  • Réciter la Jawharat al kamâl (12 fois)
    Pour ce qui est de l’horaire de la wazifa c’est soit le matin ou le soir. Mais si on veut appliquer la recommandation de El Hadji Malick Sy (Sénégal) on pratique la wazifa le matin et le soir.

Le zikr al juma. Il s’agit de l’évocation du nom de Dieu (Allah, Allah) ou de répéter LA ILAHA ILLA LAH le jour du vendredi après la prière du `Asr et avant celle du maghreb. Quand la personne fait seule son zikr al juma, il doit répéter la formule 1600 fois ou 1200 fois selon les auteurs. Mais quand le zikr est fait en groupe le nombre de fois qu’il faut répéter la formule est illimité.

NB : Mis à part le lâzim les deux autres rites doivent être effectués si possible en groupe.

Accord parfait avec les principes de l'islam.

Les rites de la tidjâniyya sont en parfaits accords avec les principes de l’islam. Tous les récitals sont des injonctions du coran.

L’ISTIGHFÂR (demander pardon).

Cette pratique est l’application des versets coraniques qui disent :

« Demandez pardon à votre Seigneur ; ensuite, revenez à Lui. Il vous accordera une belle jouissance jusqu’à un terme fixé, et Il accordera à chaque méritant l’honneur qu’il mérite. Mais si vous tournez le dos, je crains alors pour vous le châtiment d’un grand jour. » Coran (Hûd -2).

« Ô mon peuple, implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui pour qu’Il envoie sur vous du ciel des pluies abondantes et qu’Il ajoute force à votre force. Et ne vous détournez pas [de Lui] en devenant coupable. » Coran (Hûd-52).

« Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur,pour qu’Il vous envoie du ciel, des pluies abondantes, et qu’Il vous accorde beaucoup de biens et d’enfants, et vous donne des jardins et vous donne des rivières. » Coran (Nûh- 10 à 12).

La prière sur le Prophète.

Cette pratique est l’application du verset coranique qui dit :

« Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète ; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations. » Coran (Al-ahzab -56).

L’évocation du nom de Dieu.

Cette pratique est l’application du verset coranique qui dit :

« Ô vous qui croyez ! Evoquez Allah d’une façon abondante, et glorifiez-Le à la pointe et au déclin du jour. » Coran (Al-ahzab-41 à 42).

Selon la tradition prophétique, le Prophète Muhammad a dit dans un hadith : « Quiconque prie sur moi une seule fois, Allah priera dix fois sur lui. Et quiconque prie dix fois sur moi, Allah priera cent fois sur lui. Et quiconque prie cent fois sur moi, Allah priera mille fois sur lui. Et quiconque prie mille fois sur moi est assuré d’entrer au paradis. » ( rapporté par Boukhrî)

La salât al fatih est une des prières formulées pour le Prophète. Les compagnons, voulant mettre en application le verset coranique qui ordonne aux musulmans de prier pour le Prophète (al-ahzab - 56), sont allés vers l’envoyé de Dieu pour qu’il leur donne la formule de prière. Car la prière pour le prophète n’est pas pareille à la prière canonique. Le Prophète leur transmet alors la Salat al ibrahimiyya[2] . La salât al ibrahimiyya, si on l’analyse bien nous montre qu’elle ne constitue pas dans son essence en une prière propre au Prophète, mais elle constitue plutôt une comparaison entre la prière faite pour Ibrahim (ancêtre de Muhammad) et celle que l’on devrait faire pour le Prophète lui-même.

Quand les soufis, après le Prophète se sont rendus compte de cette comparaison, nombre d’entre eux ont commencé à faire des retraites spirituelles (KHALWA) dans le but de découvrir la Prière sur le Prophète. C’est Muhammad al Bikri qui a eu l’honneur de découvrir grâce à dieu la Prière. Il a reçu une prière sur une ardoise de lumière. Cette prière c’est la salât al fâtih. Elle était inscrite sur l’ardoise d’une manière assez curieuse car quelle que soit la position de l’ardoise le texte restait accessible et lisible. Il ne suivait pas les déclinaisons de son support matériel. Cependant, selon la tradition, Muhammad al Bikri reçu l’ordre de ne pas inclure cette prière dans ses rites car elle est réservée par le Prophète pour un de ses descendants qui fondera une confrérie. Par la grâce de dieu ce descendant s’est trouvé être Cheikh Ahmad Tidjanî, fondateur de la confrérie des tidjânes.

La salât al fatih est la prière sur le Prophète par excellence. Aucune autre prière sur le Prophète n’atteint, dans sa valeur ésotérique, la valeur de la salât al fatih.

La tidjaniyya ne se limite pas à la récitation de ces litanies. En dehors du fait que toutes ces litanies sont en parfaits accords avec les principes de l’islam, la tidjaniyya est une confrérie régie par des chartes tirées du coran et de la tradition prophétique. Aussi avant de recevoir la confrérie que lui proposait son grand-père Mouhammad (PSL), Ahmad tidjanî a eu à lui poser certaines conditions parmi lesquelles l’adepte de la tidjaniyya est assuré de mourir en bon croyant c'est-à-dire que les dernières de l’adepte de la confrérie.

NB : Ne pas confondre adepte et sympathisant de la tidjaniyya. Un adepte c’est celui qui a formellement demander l’autorisation de pratiquer les litanies.

 

 

 

 



30/03/2009
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